"La différence entre la pornographie et l’art est selon moi très simple. Vous pouvez regarder l’art indéfiniement alors que vous ne pouvez jeter qu’un coup d’oeil à la pornographie avant de la laisser. ” - Jan Saudek
================================================================
L’enfance de Jan Saudek est profondément marquée par son internement en camps de concentration avec son frère jumeau Karel (il échappe de peu aux expériences de Joseph Mengele) et des scènes de tortures perpétrées par les Nazis (il observe notamment un enfant brûler vif).
Des moments heureux de sa jeunesse, il retient tout particulièrement la lecture du Voyage au fond de la Nuit de Louis-Ferdinand Céline (1943) - dont il avoue ne pas tout comprendre mais apprécier le style – ainsi que sa visite de l’exposition « The Family of Man » (montée par Edward Steichen et considérée comme l’élément déclencheur de sa propre démarche personnelle.).
Très pauvre, il commence par travailler dans une imprimerie où il prend goût pour la peinture. Ses deux seules richesses sont alors une bicyclette et un appareil photo.
En 1972, Jan Saudek décide de transformer sa cave - aux allures d’espace carcéral et dont l'unique ouverture donne sur un mur pelé – en studio qu’il décore de manière baroque. Ses premiers clichés sont en noir et blanc ; ce n’est que par la suite qu’il aborde la photographie recoloriée. Inspiré par l’illustrateur Alfons Mucha (1860-1939) et par l’iconographie moyenâgeuse, ses thèmes de prédilection sont la représentation de la sexualité et de la sensualité du corps féminin.
Avec passion, Jan Saudek fixe sur la pellicule ses fantasmes d'amour et ses pulsions de mort. La figure masculine est quasiment absente de son œuvre (son père, son frère et lui-même figurent parmi les rares à être représenter). Ses modèles sont des amies, aux physiques très différents. Certaines sont belles, d’autres difformes. La plupart du temps, elles sont dotées de formes opulentes et, à ses yeux, illustrent la féminité. Parfois, elles sont maigres à l’extrême et sont photographiées avec des objets allongés (couteau…) évoquant l’attribut phallique.
A la fin des années 1970, Jan Saudek décide de peindre – de manière expressionniste ou baroque – ses photos. L’artiste esthétise ce qui est à l’origine disgracieux. Il reprend des clichés de femmes aux poitrines très opulentes et aux veines particulièrement apparentes, accentue des traits grimaçants ou des courbes érotiques….
La photographie de Jan Saudek est pleine d'adolescents couchés par terre dans des poses d'abandon, de jeunes pères tenant leurs bébés sur leurs torses. Et surtout, de nombreuses femmes opulentes, rondes, charnelles, dont il tire une beauté qui peut choquer. Les modèles sont maquillés, costumés, arrangés, et les vêtements sont choisis hors de tout contextes. Les personnages sont souvent habillés sur une photo, et déshabillés sur une autre, ce qui immanquablement suscite un certain désir. C'est principalement ce thème qui revient dans les photographies de Jan Saudek : l'opposition entre le nu et l'habillé. Saudek n'hésite d'ailleurs pas à photographier des femmes habillées (rondes) dans des scènes de la vie courante, et de les photographier ensuite dans les mêmes poses, mais nues.
Ses photographies sont coloriées à la main : il accentue le maquillage de ses modèles, n'hésite pas à faire ressortir tel ou tel trait physique, par exemple les veines qu'il colorie en vert. Ces couleurs accentuent l'aspect artificiel de ses photographies.
Erotiques et provocantes, ses photographies lui valent la suspicion de l’état tchèque jusqu’en 1983. Actuellement, elles gardent toute leur charge mais sont particulièrement appréciées (tout comme son compatriote Joel Peter Witkin, il reçoit, en France la décoration de Chevalier des Arts et des lettres…). Leur rendu – même à notre époque (caractérisée par l’utilisation massive de logiciels de retouche) – garde un rendu très « contemporain ». En quelque sorte, elles peuvent être perçues comme une transition significative entre l’expressionniste du début du vingtième siècle et l’ère de l’infographie.
Voici quelques unes de ces oeuvres :
ET bien, ici, au moins, personne pour venir dire que c'est de la violence, et de la pornographie ! Ton blog est un recueil d'art et d'artistes, et cela, personne ne te l'enlèvera ! Alors nous te suivons avec plaisir...
RépondreSupprimerMerci, ma chère, effectivement ici, vient qui veut et nul besoin de signaler l'art !!
RépondreSupprimermerci pour toutes c est decouverte
RépondreSupprimerbeau travail meme si certaines photos non pas mon vote Mais on voit que le photographe a besoin de liberté dans son esprit(quand on connais son histoire) Merci pour ses découvertes artistiques et Vive la liberté de l'art
RépondreSupprimerC'est notre droit à tous : d'aimer ou de ne pas accrocher à certaines photos ... en mettant sa biographie, on comprend mieux, parfois, le sens de ces photos. Il en ressort toujours une pulsion de mort, je pense que l'idée de suicide a dû le poursuivre toute sa vie, car si lui a évité les expérimentation, je ne pense pas que son frère jumeau y a échappé ....
RépondreSupprimerc'est bfluffant je ne cesse de regarder encore et encore comme si je vivais chaque tableau, c'est WAOW comme je te disais tellement d'expressions et de ressnetis. J'adore nathalie et merci de ce cadeau magnifique^^ annie
RépondreSupprimer