Nathalie Nouth Art: STEPHANE ROY PHOTOGRAPHY

" Quand j’ai commencé la photographie, je me dirigeais dans la lignée de ce que je faisais avant, avec la performance : m’exprimer à travers l’art pour porter un regard sur le monde. L’art comme une réflexion sur le monde. Puis un jour, j’ai vu un documentaire sur Joël Peter Witkin. Il a dit quelque chose de logique mais qui m’a mis une grande claque : « Mes photos sont un regard porté sur le monde et une introspection de moi-même ».

Aujourd’hui, je te dirai qu’une grande partie de moi se trouve dans mes photos.

Concernant ma manière d’être dans ce domaine, je privilégie les rapports humains, les rencontres, le dialogue. Je n’aime pas toute cette connerie de superficialité, d’égocentrisme, de course à une célébrité illusoire et complètement futile. J’espère que ça se ressent, que ce soit dans ma manière d’être ou mes photos.

Je ne suis pas là pour collectionner les modèles. Chaque personne que je choisis a quelque chose de spécifique qui correspond à mes attentes.

Au sujet de mon travail… J’ai commencé par vouloir opposer des choses qui se contredisaient (par exemple, une fille élégante mais complètement trash). C’était très classique et sans grand intérêt, juste pour le plaisir de faire une image.

Par la suite, je me suis totalement investi en créant des projets, complexes ou non, mais toujours détaillés.

Je fais en sorte de construire mon univers, mon monde, qu’il soit singulier et propre à moi.

Dans cet univers, je me suis investi totalement en y mêlant ma réflexion, ma sensibilité, mes émotions, tout mon être… Chaque photographie est un peu comme une amputation sur moi.

Bien sur, j’utilise ce médium pour continuer d’étudier le monde, et spécialement les profondeurs de l’espèce humaine qui est une véritable source d’interrogation pour moi.

Je me suis d’abord orienté vers toute la complexité psychologique de l’humain. De sa décadence à sa folie, en passant par sa quête identitaire et comportementale jusqu’à son autodestruction.

Il s’agit bien souvent de personnages qui luttent contre eux-mêmes, ou contre quelque chose qui leur paraît être étranger, mais pourtant…

Ces personnages sont confrontés à leurs propres démons, leurs rêves et cauchemars, leurs fantasmes, mais ils ne sont pas tous des victimes, bien au contraire.

J’aime créer une véritable trame narrative composée de différents niveaux d’interprétations, de réflexion, accompagné de symboles, d’idées, de vie. Mettre en place une structure complexe, ambiguë, parfois subtile, parfois brutale, mais qui fait aussi voyager et rêver."

Propos de Stéphane Roy - Interview for Noize Magazine (NL) n°14 - April/May/June 2011